Page:Botrel - Le Mystere de Keravel.djvu/25

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— Si depuis ce matin tu rôdes,
Tu dois être affamé ;
Voici du pain, des crêpes chaudes,
Voici du lard fumé !

Chassez du coin de votre feu
Ce rôdeur qui n’en bouge ;
Êtes-vous « blanc » ? Êtes-vous « bleu » ?
Moi, je suis plutôt « rouge » !
— Qu’importent ces mots : République,
Commune ou Royauté ;
Ne mêlons pas la Politique
Avec la Charité !

Puis le métayer s’endormit,
La mi-nuit étant proche…
Alors, le vagabond sortit
Son couteau de sa poche,

(Il prend son couteau.)

L’ouvrit, le fit luire à la flamme,
Puis, se dressant soudain,
Il planta sa terrible lame…

(Il lève son bras, armé.)

Yves, épouvanté. — Oh ! papa…

Pierre-qui-roule :

Dans la miche de pain !

(Il plante son couteau dans la miche.)

Yves. — Ah ! bon ! j’aime mieux cela !

Pierre-qui-roule :

Au matin-jour le gueux s’en fut
Sans vouloir rien entendre…
Oubliant son couteau pointu
Au milieu du pain tendre ;
Vous dormirez en paix, ô riches !
Vous et vos capitaux,
Lorsque les gueux auront des miches
Où planter leurs couteaux ! ! !

(On applaudit.)

Robert. — Très bien ! très bien ! Vous avez une belle voix, mon ami, et quels gestes !