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Page:Botrel - Le Mystere de Keravel.djvu/54

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François, nerveux. — Aussi sûr que vos manières commencent à me lasser, entendez-vous ? D’ailleurs, je vais dire à votre cocher de ne pas s’en aller. Réflexion faite, nous n’avons pas de chambre ici, pour vous ; tout est sous scellés et monsieur Jean m’a dit d’agir à ma guise. Vous allez donc pouvoir retourner à Saint-Malo.

L’Étranger, sèchement. — Shut up ![1]. Je n’aime pas le mensonge.

François. — Pas plus que j’aime les mouchards.

L’Étranger. — Well ! well ! Et d’où savez-vous que je suis une « moucharde », comme vous dizé ?

François, troublé. — Je ne sais pas, mais je présume, à vos façons…

L’Étranger. — Vous avez peut-être des raisons pour prézoumer jiouste. (Un silence.) Voulez-vous, if you please, fézé voir votre bras ?

François. — Mon bras ?

L’Étranger. — Yes, votre bras ; celle-ci…

François. — Plus souvent !

L’Étranger. — Vous ne voulez pas. Quand même, moi je voulé.

François. — On verra !

L’Étranger. — Yes, on va voir. Vous avez très ressemblance avec certaine mauvaise boye[2], que j’ai fait arrêter, autrefois, dans London, et qui portait un beau tatouage au bras droit. Fézé voir.

François. — N’approchez pas ou je cogne !

L’Étranger. — Well ! Vous voulez boxer moi ? Soit ! il fézé froid ici, quelques rounds[3], ça réchauffera ! En garde ! (Ils boxent une seconde. L’étranger terrasse François et lui découvre le bras.) Knock out ! ! ! Ah ! Ah ! damné camarade ! J’avais raison. Voici le tatouage.

  1. Taisez-vous ! (prononcer : Cheu teup).
  2. Garçon (prononcer : bo-ë).
  3. Prononcer : râounz.