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Page:Botrel - Le Mystere de Keravel.djvu/8

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L’Hindou. — Sahib Rob… Sahib intendant… Sahib…

Jacques. — C’est pas vrai ! Personne ne t’a demandé : au contraire, on t’a consigné la porte. Tu mens, entends-tu ?

L’Hindou. — Luch aï ![1].

Jacques. — Ah ! et puis, j’en ai assez de ton charabia. Va-t-en ! (L’Hindou ne bouge pas.) Tu ne comprends pas le français ? (Silence.) Veux-tu parier que tu comprends le français. (Silence.) Allons, oust ! déguerpis… et plus vite que cela ! (Silence.) Veux-tu me f…iche le camp ! (Il lui lance un coup de pied au bas des reins.)

L’Hindou, se sauvant en se tenant, à deux mains, la partie froissée de son individu. — Ahi ! ahi ! ahi ! (Il disparaît par le fond en courant.)

Jacques, riant. — Je savais bien, moi que tu comprendrais le français !… Ferme ta porte, au moins, mal blanchi ! (Il va la fermer.) Brrou ! quel froid ! Quel temps de malheur ! Il neige ! Il neige !… On dirait que toutes les colombes du paradis se déplument c’te nuit. Fait frisquet ici ! (Il va à la fenêtre.) Pas étonnant ! Monsieur l’intendant n’a pas encore fait remplacer ce carreau, crevé, je ne sais par qui… et c’est point ce papier-là qui empêche le froid d’entrer ! Ah ! dame non, dame ! Avec ça le vent s’en mêle. Il souffle, et siffle, et hurle comme un damné. Bon ! voilà qu’il a encore ouvert c’te porte ! (Il va pousser la porte du fond, au moment où l’intendant François l’ouvre. Ce dernier le rudoie et entre.)


Scène II

JACQUES, FRANÇOIS en costume de pêcheur :
« veste-ciré » et casque-suroît

François. — Es-tu fou, vieux Jacques ? Depuis quand ferme-t-on la porte au nez des gens ?

  1. C’est la vérité.