Page:Botrel - Le Mystere de Keravel.djvu/9

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Jacques. — Pardon, excuse, m’sieur François. Je ne vous avais point vu… Ah ! dame non, dame !

François. — C’est bon, c’est bon, mais une autre fois, sois moins brutal. Je n’aime pas ces manières-là. Et puis, dis donc…

Jacques. — Quoi, m’sieur François ?

François. — Le vestibule est tout mouillé. Tu es encore rentré ici avec tes sabots au lieu de les laisser dans la cuisine. Par un temps pareil, c’est du propre !

Jacques. — C’est que… j’étais embarrassé… je portais du bois.

François. — Ce n’est pas une raison. Que je ne t’y reprenne plus ! (Il se secoue.) Oh ! ce temps !

Jacques. — M’sieur François devrait point sortir par un froid pareil ; c’est un temps à gagner la mort !

François. — Bah ! pour ce que vaut la vie !

Jacques. — C’est égal, il fait meilleur ici que sur la grève, ah ! dame oui, dame !

François. — Pas pour moi, j’aime ça, moi, la mer, le gros temps, l’embrun, le vent qui hurle… Ah ! ça me rappelle…

Jacques, s’approchant. — Quoi donc ?

François. — Des choses…

Jacques. — Ah ! oui, des choses. (À part.) Des choses point belles, dame !

François, comme à lui-même. — Quand je bourlinguais là-dessus… Ah ! c’était le bon temps, quand même !… (À Jacques.) Allons ! qu’est-ce que tu fais là, à me regarder, avec tes yeux hébétés ? Tu ferais mieux d’aller accrocher ce ciré-là dans la cuisine.

Jacques. — J’y vas, m’sieur François, j’y vas !

François. — Et le suroît aussi.

Jacques. — Merci, m’sieur François. (À part.) Cor de plus méchante humeur que d’habitude, si c’est possible. (Robert paraît à la porte de gauche.)