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Page:Botrel - Les Chants du bivouac, 1915.djvu/120

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Quoi ! pour toute l’arrière-garde
Est-ce la Mort ? ou la prison ?
Non ! entre nous et la Camarde
Un Héros s’est dressé : Gilson !

Il est là dans une tranchée
Avec cent cinquante soldats,
Compagnie à demi fauchée
Qui combat sur ses morts en tas.

On n’est plus bientôt que quarante
Dans le fond du sombre ravin…
On vise, on tire ! — Plus que trente !
Qu’importe ?… Et l’on n’est plus que vingt !

Vingt grandes âmes orgueilleuses
Seules contre dix escadrons
Sous le feu de dix mitrailleuses
Et de huit pièces de canons !…

Gilson dit : « Fuyez ! Moi, je reste ! »
Mais, tous, ont froncé le sourcil
En esquissant, muets, le geste
D’un serment sur leur bon fusil ;

Et c’est une froide tuerie
De Hulans et d’artificiers ;
Le chef, lui, par coquetterie,
S’est réservé les officiers ;