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Page:Botrel - Les Chants du bivouac, 1915.djvu/121

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On n’est plus que douze… Qu’importe !
On tient : on tiendra jusqu’au bout !
Gilson, blessé, tombe : on l’emporte.
Colère, il se remet debout ;

Le nez fauché, la lèvre ouverte
— Terrible à voir — de ses deux bras
Frappant sur sa poitrine offerte,
Il rallie encor ses soldats !

Enfin ! la panique tragique
Évitée, il part, triomphant !…
Horatius Coclès — ô Belgique ! —
N’a pas fait mieux que ton enfant !

Mais vous allez croire peut-être
Que Gilson dort sur ses lauriers ?
Ah ! mes amis, c’est mal connaître
L’entêtement de nos guerriers !

Désignant son noble visage
Défiguré par le Germain
Et souriant sous son bandage
N’a-t-il pas dit, le lendemain :

« Ils me la paieront, cette entaille :
Je jure — et soyez-en témoins —
Que dès la prochaine bataille
Je m’en vengerai… nez en moins ! »

(Anvers, 22 Août.)