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Page:Boué -Le Roi des aventuriers, 1932.djvu/42

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avaient rapporté une soixantaine de mille francs qu’il eût sacrifié volontiers pour devenir le digne propriétaire du pâtre mystérieux…

— Et, demanda Léon Sauvage, ce Génis t’a reconnu ?

— Penses-tu qu’il soit aisé de me reconnaître ? Ne m’a-t-on pas appelé le Cambrioleur Protée ? Il n’y a que les amis comme toi qui me voient deux fois sous mon véritable aspect. Ce Génis m’a connu noir, poilu et barbu. À la salle de vente, il a vu dans son compétiteur un jeune dandy…

— Et ton pâtre ?… qu’en as-tu fait ?

— Le voici.

Marcel Legay ouvrit la valise qu’il avait déposée en entrant sur le coin de la table et en tira le pâtre acheté quelques heures auparavant.

Il retourna la statuette et enleva le plâtre qui en bouchait le socle ; elle était creuse.

Puis il introduisit deux doigts dans l’ouverture qu’il avait pratiquée et il en tira une feuille de parchemin qu’il étendit sur la table.

Les mystérieux caractères suivants, tracés à l’encre de chine apparurent :

5KED55 51 126E5DB8LKI
C8D 75 9+ 8E586
F261 12675F5M 75 ? D81
16+DLIE 15 78 18775.
151 48D 151
78 ED2LIL5J5 4375 DL5.
8 4869+5 8CD51 8F2LD0.
 ;D8K9—L 78 C2DE5.
 ;5D
F261 C5K5ED5M !8KI 75.
98F586 5E !5195775N 78.
?8775 !5 J8D?D5 5K981ED55.
951E 86 ;2K! !6 92672LD.


Quelle est la clef de l’énigme ?


— Combien as-tu payé cette statuette de mauvais goût et ce parchemin ratatiné ? demanda Louis Sauvage à Marcel Legay.

— Soixante-deux mille francs !

— C’est terriblement cher. Voilà un caprice dont tu aurais pu te passer.

— Songe donc que ce parchemin vaut une fortune.

— Hum ! qui le prouve ?

— Mais…

— Je n’en aurais pas donné quatre sous. Ça ne les vaut pas.

— Ce n’était pas l’avis du majordome Génis.

— Encore faut-il découvrir la signification de ces hiéroglyphes.

— C’est pourquoi je suis venu te trouver, mon cher Sauvage. Je connais et j’apprécie ton esprit savant et éclairé, ton don inné des devinations, tes aptitudes mathématiques… Tu as déchiffré des rébus plus compliqués que celui-ci quand nous étions au collège.

— C’est vrai, c’est vrai.

— Ne m’as-tu pas répété maintes fois que nulle énigme n’était indéchiffrable ?

— Effectivement.

— Veux-tu essayer de découvrir la clé de celle-ci.

— Volontiers, mais je ne te réponds pas de la réussite. Si ces caractères ont été écrits au moyen de ce qu’on est convenu d’appeler une grille, ce sera très malaisé. Si, au contraire, chaque signe du manuscrit a la valeur d’une lettre, ce sera un jeu d’enfant.

— C’est-à-dire, si je comprends bien, si chaque lettre a été remplacée par un signe conventionnel.

— Naturellement.

— Comment découvrir les lettres correspondantes ?

— Très simple. Il suffit d’avoir un peu et temps et de patience.

— Essaie donc, mon ami, mon cher ami.

Léon Sauvage prit un porte-plume, de l’encre, une feuille de papier, puis il examina le manuscrit mystérieux.

— Le célèbre conteur américain, Edgar Poë, dit-il, nous a indiqué le moyen de déchiffrer ce genre d’énigme. Examinons les chiffres et les lettres de l’étrange manuscrit. Que remarques-tu ?