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Page:Boué -Le Roi des aventuriers, 1932.djvu/50

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Et les jeunes gens lurent le récit tragique de l’amour du jeune général Marceau pour la jolie Blanche de Beaulieu, fille du marquis de Beaulieu, chef des Chouans. C’est en vain que le brillant officier tenta de sauver la jeune femme qui fut décapitée au moment où sa grâce venait d’être signée par Robespierre.

— Quelle tragique histoire, dit Marcel Legay, quand il eut terminé la lecture de cet épisode. Et c’est donc, d’après la tradition locale, l’âme de cette malheureuse marquise de Beaulieu qui viendrait hanter le château ?

— Oui, les paysans de la contrée sont très superstitieux, répondit Louis de Beaulieu.

L’heure du dîner venait de sonner. Les trois jeunes gens, assombris par le pénible récit qu’ils venaient de lire, se levèrent et pénétrèrent dans la salle à manger.

La journée s’écoula lentement. À la soirée, Sauvage se rendit à la ville voisine pour se procurer de nouvelles limes.

Après le souper, Legay et son compagnon se retirèrent assez tôt dans leurs appartements.


La griffe du lion.


Vers onze heures et demie du soir, Marcel Legay et Léon Sauvage se préparèrent à redescendre dans les souterrains.

— Où est donc mon manuscrit ? s’écria tout à coup Legay. Je l’avais déposé dans ma valise. Il a disparu ainsi que la traduction.

— Ne l’aurais-tu pas perdu ?

— Non. Ce matin même, il était encore dans ma valise…

Les deux jeunes gens cherchèrent le précieux parchemin, sans le découvrir.

— Aucun doute n’est possible, dit Legay. Je suis un cambrioleur cambriolé… Ces pièces ont été volées ! Par qui, Qui en connaissait l’existence ? Qui avait intérêt à s’en emparer ? C’est là un mystère qu’il faudra éclaircir. Pour l’instant, nous n’avons pas de temps à perdre. Descendons dans les souterrains. Je me souviens assez des indications contenues dans le manuscrit pour me guider.

Les deux compagnons reprirent le chemin des souterrains et arrivèrent devant la porte de fer. Comme la veille, ils limèrent les larges barreaux. Leurs nouvelles limes faisaient merveille. Après une demi-heure de travail, deux barreaux tombèrent pour livrer passage aux jeunes gens.

Ceux-ci s’engagèrent dans le couloir.

— Nous devons prendre, d’après le manuscrit, la troisième galerie à gauche après avoir franchi la porte de fer.

Ils comptèrent deux galeries. Enfin, la troisième leur apparut et ils s’y engagèrent. Un silence sépulcral régnait sous ces voûtes humides. Legay marchait le premier, s’éclairant de sa lampe électrique.

Soudain, il s’arrêta.

Devant une voûte, il venait d’apercevoir une silhouette humaine enveloppée dans un manteau noir.

— Le moine mystérieux ! s’écria Sauvage.

Au même instant, l’inconnu éleva le bras. Une double détonation retentit. Legay entendit une balle siffler à son oreille et éteignit sa lampe électrique.

— Es-tu armé ? demanda-t-il à son compagnon.

— Non.

— Malédiction ! Nous avons omis de nous munir d’armes. Battons prudemment en retraite notre adversaire a trop d’avantages sur nous.

Les jeunes gens se retirèrent précipitamment, sortirent du souterrain et rentrèrent dans leurs appartements. Ils cherchèrent leurs revolvers : toutes leurs armes avaient disparu.

— Non seulement on nous a volé le manuscrit, mais on nous a désarmés ! gronda Legay. Nous avons à combattre un ennemi adroit et prévoyant. Il faudra ouvrir l’œil.

— Que faire ?

— Attendre demain. Nous achèterons de nouveaux revolvers pour pouvoir lutter à armes égales.