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Page:Bouasse - Bases physiques de la musique.djvu/113

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CHAPITRE VIII.

bruit. Le bruit peut se définir comme une sensation auditive de hauteur indéterminable (et non pas indéterminée). Plus un son est bref et complexe, mieux il rentre dans la définition du bruit. Cette définition va se justifier par l’analyse de quelques bruits.

L’expérience classique du claquebois montre que, dans le choc d’une lame de bois par un maillet, la sensation auditive, qu’instinctivement nous appelons un bruit, ne se distingue pas aussi nettement que nous serions d’abord tentés de le croire, d’un son de hauteur déterminée. La hauteur est pratiquement indéterminable, sans artifice, mais non pas indéterminée. Il suffit de frapper successivement des lames convenablement choisies pour entendre une véritable gamme. Cette expérience prouve que l’oreille reconnaît très difficilement la hauteur des sons de faible durée même à peu près bien définis ; il faut un artifice pour lui faciliter leur localisation dans l’échelle musicale.

Il va de soi d’ailleurs que la hauteur des sons est d’autant plus indéterminable que le son est plus complexe, surtout quand les constituants ne forment pas une série harmonique et qu’ils sont de hauteurs peu différentes. Si donc nous voulons obtenir une sensation auditive dont il soit à peu près impossible de reconnaître la hauteur, un bruit par définition, nous devons nous adresser à des sons très brefs et très complexes.

L’expérience montre que les membranes tendues mises en vibration donnent une série de sons partiels non harmoniques et très voisins les uns des autres ; d’ailleurs le mouvement de la membrane s’amortit très vite : le son est bref et complexe. Voilà pourquoi les instruments types de percussion, les instruments rythmiques par excellence, sont la grosse caisse, le tambour, le tambourin, composés d’une membrane tendue et mise en vibration soit par percussion, soit par friction.

Mais, si, grâce à un artifice, nous renforçons l’un des sons, la hauteur cesse d’être indéterminée malgré la brièveté de la sensation. C’est ce qui arrive pour les timbales, où la membrane est tendue sur un bassin hémisphérique et accordée sur la masse d’air qu’elle délimite. La timbale tient donc le milieu entre les instruments proprement dits et les instru-