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Page:Bouasse - Bases physiques de la musique.djvu/35

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CHAPITRE III.

comme un système entier pour tous les sons. Il doit y exister des parties qui sont mises en vibration par les sons de hauteurs différentes et qui donnent les sensations de ces sons.

Le raisonnement s’appuie sur la netteté avec laquelle les trilles sont perçus par l’oreille.

Supposons que, sous l’influence d’un son quelconque, l’oreille entre tout entière en vibration ; il faut admettre un champ de résonance extrêmement étendu et conséquemment un amortissement énorme. Sitôt le son excitateur supprimé, il ne reste plus que la vibration propre du corps excité (ici l’oreille vibrant en entier par hypothèse). D’où trois conclusions : 1o on entendrait comme queue d’un son quelconque, un son toujours le même, le son propre de l’oreille ; 2o les trilles seraient aussi nets dans le haut que dans le bas de l’échelle ; 3o les trilles les plus rapides seraient perçus parfaitement distincts, vu la grandeur de l’amortissement.

Or il n’en est pas ainsi.

1o Nous ne percevons, il est vrai, aucun son propre de l’oreille ; donc l’oreille vibrant en entier, à supposer qu’elle vibre, a un amortissement quasiment infini ; 2o cependant les trilles dans le grave deviennent indistincts s’ils sont rapides, bien plus facilement que dans le haut de l’échelle ; ce qui prouve que différents amortissements interviennent ; 3o enfin l’amortissement des parties qui vibrent sous l’influence d’un son donné n’est pas infini, puisqu’un trille de 10 notes à la seconde n’est plus net dans le grave.

Il est certain que le tympan et l’appareil moyen de l’oreille, dont le rôle est de transmettre les sons, vibrent sous l’influence de tous les sons perceptibles ; donc leur amortissement doit être énorme : ils ne peuvent pas intervenir dans l’impossibilité d’entendre distinctement des trilles rapides. Donc il existe, outre ces portions de l’oreille, d’autres portions pour lesquelles le son se maintient plus longtemps, dont l’amortissement est plus petit, et dont par conséquent le champ de résonance est moins étendu : ces parties sont mises en vibration par des sons de hauteurs différentes.

Le raisonnement est corroboré par les différences de perception des trilles dans le grave et dans l’aigu.

Mais il faut bien comprendre ce qu’on entend en disant