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Page:Bouasse - Bases physiques de la musique.djvu/37

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CHAPITRE III.

que lorsqu’elle est excitée par une vibration pendulaire. Elle décompose tout autre mouvement périodique en une série de vibrations pendulaires (termes de la série de Fourier) qui correspondent chacune à la sensation d’un son simple.

Il faut insister sur le sens de cette loi. On frappe une corde de piano, nous disons entendre un son : la loi prétend au contraire que nous entendons un véritable accord, composé de tous les harmoniques simultanément émis par la corde. Il y a donc là une sorte de paradoxe qu’il faut expliquer.

Tout d’abord il ne faut pas croire que les harmoniques soient faibles parce qu’ils sont difficiles à observer. On frappe une corde de piano ; immédiatement après on la touche légèrement en un point : le son partiel dont le nœud a été touché conserve seul son intensité, tandis que les autres sons partiels s’éteignent. On peut se convaincre, en isolant par ce procédé les premiers harmoniques, qu’ils sont d’une intensité considérable.

La difficulté qu’on a d’entendre les harmoniques comme sons distincts, comme constituants d’un véritable accord, ne tient donc pas à leur faible intensité. Elle provient de ce que toute l’éducation de l’oreille est tournée, non pas vers la décomposition des sons, mais au contraire vers la perception simultanée et comme un ensemble, d’un son et de ses harmoniques. Nous cherchons, par exemple, à reconnaître si le son entendu provient d’un violon ou d’une flûte ; nous ne nous attachons pas à discerner, dans les sons de même hauteur (§ 1) fournis par les deux instruments, les constituants identiques, c’est-à-dire les harmoniques ; nous envisageons comme un tout chacun des deux sons, cherchant à distinguer leur origine par les qualités de ce tout, c’est-à-dire par le timbre.

Un grand nombre de circonstances facilitent d’une part la distinction des sons émis par des sources différentes et d’autre part la fusion en un son unique des sons partiels émis par une même source. Le mode d’attaque, de renforcement, la sûreté de la tenue, l’inégale durée, la manière de s’éteindre, qui sont des données caractéristiques des sons de deux sources différentes, sont au contraire à peu près identiques pour les sons partiels d’un son unique. Les sons du piano se produi-