Aller au contenu

Page:Bouasse - Bases physiques de la musique.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
58
CHAPITRE IV.

damentale. C’est tout simplement parce qu’il ne considère comme perceptibles parmi les harmoniques d’un son que le troisième et le cinquième formant la douzième et la dixseptième. Là est le point contestable de sa théorie ; il ignore que les octaves ut3, ut4,… sont aussi faciles à distinguer, dans le son ut2 d’une corde, que le sol3 et le mi4, et qu’il n’y a pas de raison pour s’arrêter à ce mi4. Réduisant le son complexe musical ut à l’accord parfait ut mi sol, il est bien forcé de considérer plusieurs séries différentes, et par conséquent de déplacer sa b. f. ; il l’amène par exemple au sol, ce qui lui fournit le nouvel accord parfait sol, si, ré, et ainsi de suite.

Déplaçant sa b. f. par quintes, soit en montant, soit en descendant, lui superposant les accords parfaits majeurs et mineurs déjà obtenus, Rameau obtient facilement les séries diatoniques les plus usitées.

Déplaçant sa b. f. par tierces, mettant au-dessus les accords parfaits, il retrouve le mode chromatique.

Il est à peine besoin de faire observer au lecteur la beauté de cette construction que Helmholtz n’a pas suffisamment louée. Assurément Helmholtz entre un peu plus profondément dans les phénomènes. On peut se demander seulement s’il fait les parts bien justes, quand il dit (p. 301), après un exposé critique si succinct qu’on le comprend à peine : « Cette tentative de Rameau et de d’Alembert (celui-ci n’a d’autre mérite que d’avoir exposé clairement le système) a pourtant une grande importance historique ; pour la première fois, la théorie de la consonance a été fondée sur une base scientifique et non métaphysique. »


36. Idée de tonalité. — La tonique d’une gamme, d’après la théorie de la construction de la gamme diatonique que nous venons d’exposer, n’est donc plus seulement la note la plus grave et la note la plus aiguë de la gamme ; c’est surtout le son musical par rapport auquel les autres sons ont été choisis de manière à présenter avec lui les plus grandes affinités.

On comprend aisément à quel point diffère notre idée moderne de tonalité dans une mélodie de l’idée qu’on s’en faisait par exemple au moyen âge, et qui se traduit par les modes de plain-chant.