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Page:Bouasse - Bases physiques de la musique.djvu/78

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CONSONANCES ET DISSONANCES.

ties, présentant les dissonances les plus mordantes, tout résonne avec la même harmonie ; mais c’est vague, ennuyeux et mou. Rien ne montre mieux l’importance du rôle des harmoniques, et par conséquent du timbre, dans la notion de dissonance.

Les instruments dont le timbre se rapproche le plus de celui des grands tuyaux bouchés sont les flûtes et le jeu de flûtes de l’orgue (tuyaux ouverts où l’air arrive sans force). On y entend l’octave et la douzième. Les intervalles parfaitement consonants y sont mieux définis, leur altération amenant aussitôt une dissonance sensible. Les intervalles moyennement et imparfaitement consonants sont encore mal déterminés ; on démontre en effet la règle suivante : un intervalle est faussé d’une manière d’autant plus désagréable, les battements y produisent tout de suite une dureté d’autant plus appréciable, qu’ils sont plus parfaits. Helmholtz rappelle le proverbe qu’il n’y a rien de plus effrayant pour l’oreille qu’un solo de flûte, si ce n’est un duo de flûtes. Mais, associée à d’autres instruments qui font ressortir l’enchaînement de l’harmonie, la flûte est irremplaçable grâce à la charmante douceur de son timbre.

Les tuyaux ouverts de l’orgue, quand on pousse le vent, surtout quand on les associe avec leurs octaves, donnent un son suffisamment pourvu d’harmoniques pour que les dissonances y deviennent particulièrement tranchées.

Les petits tuyaux bouchés (quintaton) où les harmoniques impairs sont intenses, font la transition avec les tuyaux à anches, particulièrement riches en sons partiels, et enfin avec les jeux de fourniture ou de mutation. Dans ces derniers on sait qu’à chaque tuyau est adjointe une série plus ou moins nombreuse de tuyaux donnant les divers harmoniques ou leurs octaves. Dans le nazard (deux rangs de tuyaux) on adjoint la quinte au fondamental ; dans le cornet (trois rangs) on adjoint la tierce et la quinte.

Citons pour mémoire les jeux discordés (voix humaine, voix céleste) où l’on fausse l’unisson par l’emploi de deux tuyaux qui battent et dont l’effet est profondément épouvantable.

Les sons de la voix humaine sont accompagnés d’harmoniques graves relativement forts ; aussi donnent-ils des con-