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Page:Bouasse - Bases physiques de la musique.djvu/91

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CHAPITRE VI.

tion d’un intervalle est une gêne plutôt qu’un avantage, s’il doit être suivi et précédé du même intervalle faussé : conservant un terme de comparaison, l’oreille ne s’accoutume : plus ; sa tolérance est moindre.

On comprit que la seule manière de sortir des difficultés était de fausser également tous les intervalles ; d’où le tempérament égal, mis en honneur par Bach dont tout le monde connaît le recueil de fugues : Le clavecin bien tempéré.

Voici comment Chladni légitime dans son Acoustique l’emploi de ce tempérament.

Douze quintes justes font sept octaves plus 6, intervalle qu’on appelle souvent comma pythagoricien. On a en effet

Comme on procède par quintes pour faire la partition, il faut, quel que soit le tempérament, fausser quelques-unes des quintes. Dans le tempérament inégal que nous avons étudié, 4 quintes devaient être abaissées à 174,. On se rappelle que la quinte tempérée, valant exactement 7:12 d’octave, est de 176,6.

Ceci posé, voici les remarques de Chladni :

1o Sur les 12 quintes, plus il y a de quintes exactes, c’est-à-dire valant 176,1, et plus le tempérament est mauvais, parce qu’alors le petit nombre de quintes fausses entre lesquelles on répartit le comma pythagoricien deviennent moins supportables.

2o On aboutit à des différences de pureté très perceptibles pour l’oreille, si l’on répartit le comma inégalement entre les quintes.

3o Les tempéraments les plus mauvais sont ceux où il y a des quintes haussées, parce qu’alors quelques autres quintes supporteront, outre, une fraction de comma pythagoricien, une fraction de l’excès des quintes haussées.


Conclusion : le seul tempérament admissible est le tempérament égal. — Pour l’obtenir pratiquement on part d’une touche quelconque ; on en accorde la quinte juste, puis on diminue aussi peu que rien ; on procède ainsi d’une quinte à l’autre. On doit parvenir après 12 quintes au son dont on est parti, bien entendu en ramenant les sons dans l’octave