Aller au contenu

Page:Bouasse - Bases physiques de la musique.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
88
CHAPITRE VI.

Devin du Village et signataire de la phrase suivante : « Le plaisir que donne une fugue étant toujours médiocre, on peut dire qu’une belle fugue est l’ingrat chef-d’œuvre d’un bon harmoniste. »

J’insiste sur ces questions, parce qu’il est profondément irritant d’entendre si souvent des gens qui confondraient la quinte et l’octave, déclarer faux, archi-faux, un instrument comme le piano, accordé suivant un système que Bach ne réprouvait pas.


55. Accord réel des instruments soi-disant accordés d’après le tempérament égal. — Le débat est actuellement clos ; il est universellement admis que le seul tempérament théoriquement admissible est le tempérament égal. Mais un autre problème se pose immédiatement : parvient-on à réaliser ce tempérament ? Dans quelles limites le réalise-t-on ?

Sur un instrument à sons fixes accordé suivant le tempérament égal, tous les demi-tons étant égaux, tous les sons ayant le même timbre, les différents tons doivent présenter exactement les mêmes caractères, à la hauteur près. Or, si l’on fait accorder séparément deux pianos suivant les règles ordinaires de partition (qui doivent conduire au tempérament égal), de manière que l’ut du second soit rigoureusement à l’unisson du soi-disant tempéré du premier, on trouve que, ni sur l’un ni sur l’autre de ces instruments, le ton d’ut majeur n’est identique au ton de ♭ majeur. Pourtant les toniques, ut pour l’un, ♭ pour l’autre, sont exactement à la même hauteur. Faut-il conclure de là qu’il est pratiquement impossible d’accorder un piano suivant le tempérament rigoureusement égal ? Faut-il conclure que l’attaque des touches noires, plus courtes et plus étroites, modifie légèrement la nature du choc du marteau et par conséquent le timbre ? Helmholtz n’ose se décider.

Évidemment la seule manière de trancher le débat serait de mesurer effectivement les hauteurs de tous les sons, ce qui ne serait d’ailleurs pas très difficile avec un instrument construit de manière que les cordes soient plus directement accessibles à l’observateur qu’elles ne sont généralement. Toujours est-il que le ton d’ut♯ ou de ♭ paraît plus voilé