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Page:Bouasse - Bases physiques de la musique.djvu/99

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CHAPITRE VII.

CHAPITRE VII.
OBTENTI0N DES SONS. TOLÉRANCE DE L’OREILLE.
PRÉCISION DU MÉCANISME.


58. Précision avec laquelle l’oreille reconnaît un intervalle. — Nous avons tous appris dans les traités élémentaires que le comma, soit 5 savarts, est à la limite des intervalles négligeables. On trouve cette affirmation même dans des ouvrages signés par des musiciens. M. Lavignac écrit (Musique et Musiciens, p. 61) que « le comma approche tellement de la limite d’appréciation des sons, que, tout en recoru. naissant mathématiquement son existence, on peut musicalement le considérer comme négligeable ». Si le comma est un intervalle négligeable, pourquoi se dispute-t-on depuis des siècles sur la meilleure gamme, puisque les deux gammes les plus différentes qui aient été proposées, la gamme de Pythagore et la gamme de Zarlin, ne diffèrent que d’un comma, et encore pour trois seulement des sept degrés, le mi, le la et le si ?

Il est vrai que d’autres physiciens et d’autres musiciens tombent dans une erreur opposée et non moins étrangère. On lit dans Helmholtz (p. 183) que des oreilles exercées peuvent encore percevoir une différence de hauteur correspondant au rapport des nombres de vibrations 1000 et 1001. Le plus petit écart perceptible serait donc de


environ un demi-savart. Le comma valant exactement


une oreille très exercée pourrait reconnaître 1:13 de comma. Proposition qui, présentée d’une manière absolue, est grossièrement erronée et dont Helmholtz d’ailleurs n’est pas responsable.

En effet, plusieurs distinctions s’imposent.

Il faut d’abord séparer nettement la possibilité de reconnaître certains intervalles quand les sons sont maintenus simultanément et indéfiniment, de la possibilité de les reconnaître, quand ils sont émis l’un après l’autre ; dans le