Page:Bouasse - Optique géométrique élémentaire, Focométrie, Optométrie, 1917.djvu/30

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synonyme d’écran percé). Enfin mettons un écran E′ à deux mètres du premier (fig. 1).

À un mètre, un degré sous-tend un arc de 17,45 millimètres ; par suite, à deux mètres, un arc de 35 millimètres. D’un point du trou O, la source apparaît sous un angle de 1/70 de degré, soit environ 1 minute ; d’un point de l’espace éclairé O′, elle apparaît sous un angle voisin d’une demi-minute. L’expérience semble donc devoir donner du trou O une image O′ à bords parfaitement nets. L’expérience détruit cet espoir : la lumière ne se propage donc pas en ligne droite.

Pour réaliser le rayon lumineux, pour distinguer un rayon dans le faisceau, nous sommes tentés de remplacer le trou O, de dimensions quelconques, par un trou d’aiguille. Le résultat est contraire à nos prévisions : au lieu d’obtenir une image t′ du trou t du même ordre de grandeur que le trou t, nous constatons autour du point t′ l’existence d’une série d’anneaux alternativement brillants et obscurs.

3o. — Ainsi la lumière est fort loin de se propager en ligne droite ; cependant nous fondons toute une science sur l’hypothèse de la propagation rectiligne. Cela tient à ce que, malgré l’évidence de la non-propagation rectiligne d’un rayon isolé, un cône étendu de lumière se conduit approximativement comme si les rayons existaient.

Ce n’est pas lieu de résoudre cette apparente contradiction. Je ne retiens ici qu’une conclusion : la parfaite stupidité des pseudo-appareils de démonstration où censément intervient un rayon unique, quand il ne s’agit pas simplement de fixer les idées. J’en décris deux dans ce qui suit immédiatement, pour faire comprendre le sens des énoncés, mais non pour apporter de ces énoncés qui, pris au pied de la lettre, sont faux, une preuve impossible.

Que le lecteur se rassure. L’Optique géométrique qui repose sur des hypothèses erronées quand on les applique à un rayon, nous apprend des propositions utiles et parfaitement correctes quand il s’agit de rayons formant un cône lumineux d’angle solide suffisant. Toutefois, la non-rigueur du principe fondamental se traduit par des phénomènes extrêmement curieux étudiés au long dans le cinquième volume de ce Cours d’Optique.