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OPTIQUE GÉOMÉTRIQUE ÉLÉMENTAIRE

3o. — Expérience du bouquet renversé.

Si l’on possède un miroir concave de grande ouverture, on fera l’expérience du bouquet renversé, qui est une des plus curieuses de l’Optique.

Un vase V est placé sur une boîte S que je représente sans faces latérales mais qui est latéralement fermée. On suspend dedans un bouquet schématiquement figuré en AB. On dispose le miroir de manière qu’il en donne une image réelle exactement sur le vase, en A′B′ : son centre de courbure est en C. On croit effectivement voir le vase surmonté d’un bouquet quand on place l’œil quelque part en O ; on a le soin d’éclairer fortement le bouquet par une lampe à incandescence L.

FIGURE 43.

Ce n’est pas le tout de constater la saisissante impression de réalité que donne l’image ; il faut l’expliquer. C’est là qu’intervient la condition posée que le miroir est de grande ouverture.

Assurément une image réelle se comporte comme un objet réel pour l’observateur O placé au delà. Pour la voir, l’œil doit s’accommoder sur elle. Si l’image du bouquet se forme exactement sur le vase, l’œil est par conséquent simultanément accommodé pour le vase et pour le bouquet : ce qui détermine la position de l’image dans l’espace et réalise une première condition de réalité apparente.

Cependant il existe une différence essentielle entre un objet réel et l’image réelle donnée par un instrument d’Optique : nous pouvons tourner autour de l’objet réel sans cesser de le voir ; mais il est clair que les rayons envoyés par chaque point de l’image réelle ne remplissent qu’un cône limité, d’angle au sommet d’autant moindre dans l’espèce que l’ouverture du miroir est plus petite. Pour avoir l’impression d’un objet réel, il faut donc un miroir assez grand pour que nous puissions déplacer l’œil verticalement et horizontalement d’une quantité notable sans cesser de voir le bouquet. Il nous apparaît alors toujours sur le vase : d’où l’impression de réalité.

À la vérité, nous sommes fort loin des conditions du stigmatisme pour la surface totale du miroir. Mais il importe peu, parce que l’œil diaphragme les faisceaux utilisés. Pour chaque position de l’œil, chaque point de l’objet n’envoie dedans qu’un mince pinceau qui