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homogènes transparents si, pour la radiation considérée, les indices ne sont pas les mémés. Si les indices sont égaux, il y a continuité optique, bien que les milieux n’aient pas la même constitution chimique.

Par exemple, un mélange en proportions convenables de sulfure de carbone et de benzine a exactement l’indice du verre ordinaire (crown). De ce mélange remplissons un tube à essais ; plongeons une baguette de verre : elle devient parfaitement invisible : il y a continuité optique. La lumière traverse l’intersurface comme si, de part et d’autre, le corps était le même ; il n’y a plus réflexion, par suite plus rien qui permette de distinguer l’intersurface, la réfraction se faisant sans déviation. L’expérience est facile à réaliser.

On peut encore employer un mélange d’hydrate de chloral et de glycérine. La dispersion étant la même que celle du verre, l’invisibilité est plus complète.

Un milieu homogène transparent est donc complètement défini par un seul paramètre, son indice. S’il est absorbant, il est défini par deux paramètres ; mais nous excluons ce cas, qui n’est pas du domaine de l’Optique géométrique.

Le lecteur comprend maintenant le rôle de la couche d’huile et du noir de fumée, utilisés au § 16 pour supprimer la réflexion. À la vérité l’huile n’a pas tout à fait l’indice du verre (1,47 pour l’huile ; 1,53 pour le verre). Mais il s’en faut de peu : la discontinuité optique est faible. En rendant l’huile opaque, nous supprimons les réflexions sur la face huile-air. Bref, nous continuons le verre par un corps absorbant dont l’indice est à peu près le même.

3o. — Radiations monochromatiques.

La loi énoncée présuppose la définition d’une radiation monochromatique. Or, on ne peut donner clairement l’idée de la complexité de la lumière et la définition même d’une radiation simple sans user du prisme.

Le lecteur admettra donc provisoirement l’existence d’une telle radiation.

Toutes les expériences du présent chapitre sont faites avec un bec Bunsen dont la flamme est rendue obscure par une arrivée d’air suffisante, et dans laquelle on maintient du sel ordinaire (chlorure de sodium) à l’aide d’une petite nacelle en platine ou plus économiquement en fer. On obtient une lumière jaune intense appelée simple, pour des raisons qu’on verra plus loin.

Pour les expériences en projection, on utilise commodément la lumière de l’arc tamisée par une cuve rectangulaire, épaisse de quelques centimètres, pleine d’une solution aqueuse de bichromate de potassium. On conseille encore la solution d’hélianthine ou la solution de perchlorure de fer et de chlorure de nickel. Ces écrans ne laissent passer que le jaune-orange. Du reste, les verres jaunes du commerce sont plus commodes et suffisants.

Les verres rouges rubis clairs employés en photographie fournissent une lumière rouge à peu près homogène.