dommage en manquer une, voire les manquer toutes ; reste la question du jeton de présence, mais en service commandé on est tenu pour présent. Dans l’avenir, mon cher lecteur, n’oubliez pas ce qu’est une Commission de l’Académie des Sciences et le cas qu’on doit en faire !
« Comment, Monsieur, vous blâmez ces illustres savants de leur circonspection ! Était-ce leur rôle de prendre parti ? ».
Eh ! qui donc les forçait à prendre implicitement parti en accueil lant les documents ? Je poursuis.
« Cependant la vérification est ici d’autant plus facile, même pour les yeux les moins exercés, que le fabricateur de ces documents ne s’est pas astreint, ainsi qu’il arrive ordinairement, à contrefaire ou à imiter l’écriture de Pascal. Agissant avec un sans-façon inouï, il s’est contenté de donner à son écriture un caractère plus ou moins ancien et d’employer une orthographe à peu près conforme à celle du temps de Pascal. C’est ce qui explique comment il lui a été possible d’écrire un si grand nombre de lettres et de notes : ce n’était plus pour lui qu’une affaire d’imagination. Le faussaire a pris comme de raison du vieux papier, et c’était sans aucun doute pour lui la plus grande difficulté. Mais malgré toute son industrie il n’est pas parvenu à consommer, entre une encre nécessairement nouvelle et un papier ancien, cette combinaison que le temps seul peut pro duire. L’aspect de l’encre, tantôt fraîche encore, tantôt jaunie outre mesure par un procédé mal déguisé, suffirait seul à montrer la fraude. »
Je regrette pour vous d’être contraint d’abréger. Ayant le texte sous les yeux, je vous assure que je ne m’embête pas.
Oyez ce détail.
« Il s’agit de l’une des Notes que Pascal aurait envoyées à Boyle en 1652. On donne, est-il dit dans cette note, comme un effet de la vertu attractive la mousse qui flotte sur une tasse de café et qui se porte avec une précipitation très sensible vers les bords du vase… Une pareille observation suppose que l’usage du café était déjà répandu en France du temps de Pascal. Or ce ne fut qu’en 1669, c’est-à-dire sept ans environ après sa mort, que Soliman Aga, ambassadeur de Turquie auprès de Louis XIV, introduisit dans la société parisienne l’usage du café. »
Fausseté manifeste de l’écriture, faits postérieurs à la mort de l’écrivain supposé… il ne reste plus que l’examen du style. « Ici toute l’industrie du faussaire a échoué. Je laisse à nos voisins d’outre-Manche le soin de nous dire si Newton écrivait en français à un âge surtout où très probablement il n’avait guère écrit dans sa propre langue. Je m’en tiens aux lettres qui lui auraient été écrites par Pascal. Voici par exemple comment il s’exprime dans celle qu’il aurait adressée le 20 mai 1654, à Newton qui n’avait qu’un peu plus de onze ans. Je vous envoie divers problèmes afin d’exercer votre génie.