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DES SAVANTS

Il ne faudrait pas cependant, mon jeune ami, fatiguer votre jeune imagination. Travaillez, étudiez ; mais que cela se fasse avec modération… 
Je vous parle par expérience ; car moi aussi dès ma jeunesse j’avais hâte d’apprendre, et rien ne pouvait arrêter ma jeune intelligence, si je puis
 ainsi parler. Je ne vous dis point cela, mon jeune ami, pour vous
détourner de vos études, mais pour vous engager à étudier modérément.
 Les connaissances insensiblement et avec le temps (sic). Ce sont les plus 
stables

Ainsi, d’une part, Pascal enverrait à un enfant des problèmes pour exercer son génie et lui imposerait la charge bien lourde de les examiner et de lui dire son sentiment, et d’une autre, part il lui recommanderait d’étudier modérément. Comment reconnaître en cela la logique et le langage de l’auteur des Provinciales ? S’il est vrai que le style c’est l’homme, je croirais volontiers que celui qui a écrit ces lettres, loin d’être Pascal, ne serait même pas de nationalité française.

Et je vous répète que l’affaire durait encore deux ans après !

Elle s’étale dans quatre volumes des Comptes Rendus, où elle occupe plus de cent pages grand in-quarto !

Pour comprendre qu’une telle bouffonnerie se soit prolongée, pour 
se convaincre de ceci : que les savants sortis de leur petit troc sont
 ordinairement d’une incommensurable bêtise, lisez la réplique de
 Chasles du 2 septembre 1867, pièce capitale, pièce admirable, pièce 
qu’il faudrait transcrire en lettres d’or et coller sur les murs de la
 salle où l’Académie se rassemble !

Premier argument : Je possède une caisse pleine de documents, tous de la même origine. S’il en est un de faux, tous sont faux. Comment voulez-vous que je puisse l’admettre ? Ça rappelle Bartholo chantant : « Croyez-vous qu’il soit si facile, De tromper un homme tel que moi ! »

À quoi Faugère répliquait que la multitude des documents s’étayant les uns les autres et rassemblés miraculeusement dans la même main, se répondant et s’accordant ensemble comme des faux témoins qui se concertent pour accréditer le mensonge, vendus à la même personne par un homme dont on cache le nom, était la meilleure preuve de la fausseté du bloc tout entier.

Second argument : On buvait du café à Venise en 1615, à Marseille, en 1654. Pascal a-t-il dû attendre qu’il fût tout à fait à la mode pour faire son observation contestée ? Chasles aurait pu renforcer son argument en soutenant qu’on buvait du café bien antérieurement à la Mecque.

Troisième, argument : Je ne puis sur la question de style avoir la prétention de suivre M. Faugère. Mais je suis persuadé que bien des littérateurs se feraient honneur d’avoir écrit les lettres que voici. Suivent de nouveaux documents. C’est décidément plus fort que de jouer au bouchon. On dit à un monsieur : « Telles lettres sont écrites