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DES SAVANTS

par un goujat. » Il répond : « Vous avez grandement tort, la preuve est qu’en voici d’admirables ! »

Quatrième argument : Vous dites que Newton n’a pas connu Pascal. C’est une erreur : la preuve est une lettre tirée de ma collection (20 octobre 1727) qui dit exactement le contraire.

Autre part qu’à l’Institut, on aurait menacé l’orateur de l’enfermer à Sainte-Anne, dans la salle des paralytiques généraux : l’Académie approuva par son silence.

Je clos avec regret cette histoire que l’Académie voudrait bien qu’on effaçât de ses annales. La rappeler est cependant la seule manière de rendre l’Institut moins nuisible en mettant par le récit des sottises passées le public en garde contre les sottises futures.

Que le lecteur ne m’accuse pas d’être mauvais patriote : l’étranger sait parfaitement à quoi s’en tenir sur la valeur de nos institutions: il ne se fait sur l’Académie des Sciences pas la moindre illusion.

J’ai sous les yeux les œuvres complètes de Rowland : on donne au début la liste des sociétés savantes dont il faisait partie ; on y trouve côte à côte les deux indications « The French Physical Society ; The French Academy of Sciences ». Or pour être de la première, il faut donner 20 francs par an, sans autre condition que de ne pas avoir un casier judiciaire.

Pour être de la seconde il faut… des dîners et des démarches.

Si vous croyez combler de joie des étranger éminents en les ballottant avec des Français dont ils connaissent la médiocrité (il suffit de lire leurs mémoires), vous vous trompez grossièrement. L’étranger est fier des distinctions de chez lui ; il s’inquiète peu des distinctions de chez nous. À charge de revanche ; à ceci près cependant : nous avons la fatuité de croire que tout le monde grille du désir d’entrer dans nos Académies.

Par de tels manques de tact nous sommes ridicules et détestés. Voilà que nous déléguons officiellement à Madrid des gens chargés d’y faire passer le bachot ! Imaginez notre indignation si les Anglais envoyaient pompeusement à Paris une commission pour y délivrer les honneurs d’Oxford ou de Cambridge !

La poutre qui est dans, notre œil nous gêne si peu, que nous la transportons hors frontière pour qu’on l’admire plus commodément.

Personne, même à la Chambre, n’ose soutenir le bachot tel qu’il est, à preuve les discours prononcés en juin 1920.

Et voilà qu’il devient article d’exportation !

Qui avons-nous la prétention de mettre dedans ?

À qui ferons-nous croire que les Espagnols patriotes voient, dans notre procédé, autre chose que l’expression d’un mépris implicite ?