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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/206

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dernière année, tout en étant la première, que je fais ce métier.

Quand le soleil fut couché, mais avant qu’il ne fît tout à fait nuit, Le Suisse alla répandre quelques poignées d’amandes sur le sol du premier bosquet de noisetiers qu’ils avaient épié, et, le lendemain et les jours suivants, les deux chasseurs se remirent au guet. En trois jours, ils découvrirent, au moyen de ce nouveau système, dix-sept nouvelles caches : six d’écureuils et onze de suisses. Ce qui leur faisait, en tout, cinquante-et-une caches : vingt-six d’écureuils et vingt-cinq de suisses.

Les deux compagnons se mirent alors à abattre les arbres, pour recueillir les amandes cachées par les écureuils, et à creuser la terre, afin de trouver les amas des suisses. Au bout d’une semaine de ce travail, ils avaient recueilli et transporté à leur cabane, quarante-deux minots d’amandes de noisettes.

Le soir où ils terminèrent ce travail, alors qu’ils étaient assis près du feu, à la porte de leur hutte. Le Suisse dit tout à coup :

— N’aimerais-tu pas à savoir ce qu’est devenue ton amie, la sauvagesse, depuis qu’elle nous a quittés ?

Roger ne put s’empêcher de tressaillir, tant cette question traduisait bien ses propres pensées ; il se l’était posée à lui-même bien des fois depuis le départ d’Ohquouéouée, car l’image de la jeune Iroquoise était constamment présente à son esprit.

N’obtenant pas de réponse. Le Suisse ne poussa pas son interrogatoire plus loin et, après avoir considéré son jeune compagnon quelques instants en souriant, il alla se coucher.