Aller au contenu

Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 51 —

Roger se leva sans répondre et allait se mettre en route quand l’Indienne, se levant en même temps que lui, lui emboîta le pas, comme si elle eut l’intention de le suivre.

Ohquouéouée, pendant tout le temps qu’avait duré la conversation entre les deux hommes, — conversation qui s’était tenue en français, car le Suisse, à part quelques mots sauvages par-ci, par-là, ne comprenait pas d’autre langue que sa langue maternelle — était restée assise et silencieuse. Mais voyant partir Roger, elle s’était levée et s’était mise à le suivre.

— Pourquoi ne restes-tu pas tranquille ici ? lui dit le jeune homme, en se retournant.

— Je ne veux pas rester ici, seule avec ce vilain homme ! fit-elle, en désignant le Suisse. Il a l’air méchant et j’ai peur de lui !… Puis, se rapprochant de Roger, elle ajouta d’un ton suppliant : Emmène-moi ?…

— Comme tu voudras, acquiesça Roger ; et il se mit en route, suivi de la jeune Indienne.

Pendant ce temps, le Suisse, sans s’occuper des deux jeunes gens, avait sorti de sa poche quelques verges de ficelle enroulée sur un morceau de bois. Il la déroula et, tirant de la même poche un bouchon de liège garni d’hameçons, dont les pointes étaient enfoncées dans un des bouts du bouchon pendant que les tiges reposaient le long des côtés, il en choisit un, de moyenne grandeur, qu’il attacha solidement au bout de sa ligne. Puis, s’armant du couteau passé à sa ceinture, il alla couper, dans le buisson voisin, une branche de plaine longue de sept ou huit pieds, au petit bout de laquelle il attacha sa ligne.