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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/50

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rapides ; que, laissant là ton canot, tu marches le long de la rivière, toujours en remontant le courant et de ce côté-ci, — et il désignait le côté où nous sommes en ce moment — jusqu’à un endroit où la berge, de l’autre côté de la rivière, est haute comme la cime d’un pin dont le tronc serait gros comme la cuisse d’un homme ; tout près de la rivière, tu trouveras une source. Bois de l’eau de cette source et tu te sentiras redevenir un jeune homme. » Après une pareille description, je n’hésitai pas à nommer cette source : « La Fontaine de Jouvence. »

— Et vous l’avez trouvée telle que vous vous y attendiez ?

— Je n’eus qu’à suivre les indications du vieux chef pour trouver la source qui, comme je m’y attendais, est une source d’eau salée ; une saline, comme nous les appelions en France. Quand j’étais dans mon pays, nous ne manquions jamais, mon maître et moi, d’aller tous les ans faire une cure à quelque source de ce genre. L’eau de celle que je viens de découvrir, car je suis, sans aucun doute, le premier Blanc à la visiter, bien que très salée, est froide, limpide et plaisante à boire. Ses effets, si je ne me trompe, doivent être surtout purgatifs.

— Est-elle située loin d’ici ?

— D’une demie à trois quarts de lieue. Comme l’eau de la rivière est très basse en cette saison, on peut s’y rendre en marchant presque tout le temps sur la grève. Si tu veux y aller, pars dès maintenant, afin d’être de retour vers midi. Pendant ton absence, je vais pêcher quelques poissons, lesquels doivent être abondants dans cette rivière ; de sorte qu’à ton retour, le dîner sera prêt.