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Page:Bouchard - Les Chasseurs de noix, 1922.djvu/7

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Arthur Bouchard

Les Chasseurs de Noix


I

LA RIVIÈRE DU LOUP-EN-HAUT

Messire Loup, d’exécrable mémoire, et probablement parce qu’il n’a jamais montré même le bout de son museau pointu aux abords de l’une ou de l’autre, a donné son nom à deux des plus jolies rivières de la province de Québec : la rivière du-Loup-en-Bas, qui se jette dans le fleuve Saint-Laurent, du côté sud, à environ trente-cinq lieues en aval de Québec, et la rivière du-Loup-en-Haut, qui mêle ses eaux à celles du lac Saint-Pierre, du côté nord, à une vingtaine de milles en amont des Trois-Rivières.

C’est sur la rive droite de la dernière de ces deux rivières, à six ou sept milles de son embouchure et par un beau matin de la fin de juillet d’une des dernières années du dix-septième siècle, que commence notre récit.

À cette époque reculée de notre histoire, la rivière Du-Loup-en-Haut roulait lentement ses eaux sombres entre deux hautes murailles de verdure ; toute cette partie du pays étant encore couverte d’arbres plusieurs fois centenaires, dont les espèces les plus répandues étaient les chênes, les ormes et les frênes, avec, ici et là, quelques pins, dont les cimes altières s’élevaient au-dessus des autres arbres, comme,