Page:Bouche - De la médecine dosimétrique.djvu/13

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de Mithridate perfectionnée par Andromaque, médecin de Néron. Galien nous a laissé la formule de cette fameuse médecine qui ne contient pas moins de 92 substances, parmi lesquelles on en compte des plus bizarres et possédant les propriétés les plus opposées. Les anciens, en effet, croyaient par la multiplicité des drogues qui entraient dans leurs remèdes, composer des panacées. Leur raisonnement était simple : telle substance étant préconisée contre telle affection, dans les maladies de nature complexe ou douteuse, en donnant un mélange de toutes les substances médicinales, on était sur d’administrer le spécifique, si, dans tous les cas, il existait. Mais, si ce raisonnement était simple, il nous est aussi facile de comprendre combien il était erroné et combien les effets devaient peu répondre à l’attente d’une pareille médicamentation. Ne connaissant pas les propriétés générales et les affinités chimiques des corps, ni les décompositions qui en sont la suite, les anciens croyaient que chaque substance du mélange pouvait agir indépendamment de celles avec qui elle était associée et même que ses vertus se trouvaient exaltées et parvenaient à un degré d’énergie qu’elles n’auraient pas eu dans son emploi isolé. Il n’en est, cependant, pas ainsi, car nous savons que la thériaque, cette fameuse association, n’est en définitive qu’un tonique légèrement calmant dont, à beaucoup moins de frais, nous pouvons produire les mêmes effets avec quelques centigrammes d’opium et un peu d’écorce de saule ou de quinquina, par exemple.

Sans remonter à l’époque de Galien, nous sommes encore loin aujourd’hui des formules aussi bizarres que compliquées des médecins et des hippiâtres du dernier siècle. On se demande même quand on lit leurs ouvrages,