met chaque chose où elle doit être, n’est pas obligé de la chercher où elle n’est pas. Il sait toujours ce qu’il en a fait, il sait aussi ce qu’il en fera. L’arrangement est donc profitable à tous ; il est doux à l’œil et à chaque instant il contribue au bien-être.
De l’arrangement matériel à l’arrangement moral, puis à la prévoyance ou à l’économie de la bourse, il n’y a qu’un pas. Lorsqu’on ne dépense pas inutilement ses meubles et ses habits, on ne jettera au hasard ni son argent ni ses provisions. Donc si ce n’est pas toujours l’ordre qui donne la fortune, ordinairement c’est lui qui la conserve.
Malheureusement cet ordre et cet arrangement sont des vertus rares. Il n’en est pas ainsi des défauts contraires ; et si nous étudions dans chaque individu la cause de chaque misère, nous en trouverons bien peu qui ne proviennent de l’insouciance ou d’un vice analogue. Celui-ci n’a pas d’état, ou il le fait mal ; celui-là en change continuellement, ou il travaille sans goût, sans attention, sans activité, il s’arrête à tout propos, il se repose avant la fatigue, et fait à peine en deux jours ce qu’un autre ferait en un ; il est brouillon, il ne sait pas vendre, il ne sait pas acheter, il gaspille, il ne compte pas, il emprunte sans besoin ; il est joueur, libertin ; bref, si nous approfondissons sa vie, nous trouverons bientôt la plaie et nous acquerrons la preuve que s’il meurt de faim, c’est moins parce qu’il manque du nécessaire que parce qu’il dépense mal ce qu’il a.
Il faut peu d’argent pour assurer la vie d’un homme ; il en faut peu même pour le tenir dispos et robuste, et avec lui sa famille, car il est plus aisé de prévenir la misère que de la guérir.
Afin de démontrer ceci et de faire voir en même temps que sur le gain le plus ordinaire, on peut trouver des économies, suivons un ouvrier dans son ménage.
Il est marié, il a deux enfans, il vit comme tous les