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visite. Il me témoigna son regret de ce que je n’étais pas venu demander au château une hospitalité que sa famille aurait été heureuse de me donner : la connaissance fut donc bientôt faite. Le comte d’Arona, car c’est sous ce nom qu’il est également connu, est aussi aimable que savant, et je pus, durant les instants trop courts que je passai avec lui, apprécier tout ce qu’il vaut.

Il aurait voulu me faire les honneurs d’Arona dont le monument est célèbre, mais une affaire l’appelait d’un autre côté : nous nous quittâmes donc en nous donnant rendez-vous à Abbeville.

Me voici à Arona, patrie de saint Charles Borromée. Ma première visite est à sa statue érigée en 1697 ; elle a soixante-deux pieds de hauteur, sans compter son piédestal qui en a trente-sept. La tête a vingt-deux pieds de circonférence, l’on peut s’asseoir dans son nez, ce que je n’ai pas manqué de faire, me promettant bien de ne plus recommencer, car cette ascension n’est rien moins que commode.

Je vais ensuite voir son église, et sa croix pastorale dans laquelle est renfermé un morceau de la vraie croix.

Mon conducteur m’assure que, le 23 mai, les boulets des canons d’un vapeur autrichien et ceux des forts de Laveno venaient tomber à Arona. Est-ce vrai ?

Je déjeûne à Arona, à un hôtel nommé, je crois, l’hôtel Royal. On me sert, entr’autres choses, de ce poisson du lac, célèbre dans la cuisine lombarde, et du strachino (fromage) qui ne l’est pas moins, le tout arrosé de vin d’Asti qui vaut mieux que son accompagnement obligé, le biscuit de Reims, sorte de calamité qui suit le voyageur dans tous les pays où il existe des hôtels.