Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/116

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dames. J’admire leur courage, car la houle est très-forte, et je ne sais comment elles pourront accoster notre vapeur. En effet, en abordant, le canot manqua chavirer. Ce ne fut qu’un cri sur notre bord, on crut les pauvres passagères perdues ; mais la barque se releva, et l’on en fut quitte pour la peur.

Il est trois heures. Nous sommes à la station de Canero : c’est un gros bourg en terrasses superposées ressemblant à un escalier gigantesque dont la première marche est formée d’arcades qui reposent dans l’eau. D’autres terrasses en jardins s’élèvent dans la montagne presqu’à pic ; on aperçoit sur ses flancs des maisonnettes isolées ou groupées en hameaux, mais point d’habitations de luxe.

Vient ensuite Canobio, dont on vante l’église ornée de fresques et de quelques bonnes peintures. On dit que le plan de l’édifice est du Bramante. Une allée de seize beaux châtaigniers bien taillés, se dessinant sur la montagne, forme le fond du tableau. Plus près, en face de nous, le mont, devenu agreste, n’est couvert que de buissons.

Nous avons le vent debout, et notre vapeur, bateau de deux à trois cents tonneaux, tangue assez fort pour qu’on ait de la peine à se tenir sur le pont. Les dames ont peur et sont malades. Ce n’est pas encore une tempête, mais nous y marchons ; les vagues sont aussi fortes que dans une mer moyennement agitée. Un bateau, qui veut nous accoster, manque encore de chavirer. Il est contraint de retourner à la rive sans avoir pu réussir à mettre à notre bord ce qu’il apportait.

Nous voici à Laveno, où part une diligence pour