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et du Tessin. Nous apercevons plusieurs bourgs ou villages qui doivent être ceux de Quinto, Rodio, Ambrisopra, Piota, et la cascade de Calcaccia. L’un des Alsaciens me montre un défilé où les Français se sont battus, en 1799, contre les soldats de Souwarow.

Nous entrons à Airolo où est la poste ; c’est un bourg de seize cents âmes, placé sur le revers méridional du Saint-Gothard, à douze cents mètres de hauteur. Là encore, nous sommes au bord du Tessin que nous n’avons presque pas quitté depuis le lac Majeur.

Après Airolo, nous passons plusieurs ponts sur le Tessin. Ici encore, il y a eu une rencontre entre les Français et les Russes. On prétend que Souwarow, voyant ses soldats reculer, fit creuser une fosse et s’y étendit en disant qu’il voulait mourir là. Les Russes alors s’arrêtèrent, et les Français furent repoussés.

La route nouvelle, faite en zigzag et par une suite de terrasses, est bonne et sûre. Il n’en était pas ainsi de l’ancienne ; elle avait une célébrité redoutable acquise par des accidents nombreux et terribles. Cette gorge se nomme val Tremola. Le Tessin s’y précipite en une belle chûte, mais il ne faut pas s’y arrêter trop, car les avalanches n’y sont pas rares, et durant l’hiver la circulation y est souvent interrompue.

Maintenant nous nous dirigeons vers l’hospice. Un peu avant d’y arriver, la roue de notre voiture monte sur une pierre, verse à moitié, et nous manquons de rouler dans l’abîme.

L’hospice reçoit environ quatre mille voyageurs par an. À peu de distance est une auberge nouvellement bâtie, et à côté un lac. La neige couvre les environs.