Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/137

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Ses wagons ne valent pas moins que ceux que nous quittons. Ceux de première classe sont aussi à six fauteuils, avec deux tables, une grande et une petite. La grande est placée entre quatre fauteuils, la petite entre deux. Une séparation au milieu forme une communication d’un wagon à l’autre. Aux portes sont des glaces. Ce sont de petits salons ayant deux mètres trente centimètres de hauteur, et où l’on peut circuler.

J’ai pour compagnons M. F**, de Paris, sa jeune femme blonde et jolie, et une autre dame, Parisienne aussi, je crois, avec son mari que sa décoration et ses moustaches grises taillées en brosse annoncent être un vieux militaire, toutes personnes de bonne compagnie et avec lesquelles je suis bientôt en connaissance.

Un petit sac de nuit que je garde toujours près de moi, parce qu’il contient des livres, des plans et des cartes, se déchire. La dame au mari décoré m’offre gracieusement de le raccommoder, ce qu’elle fait à l’instant après avoir tiré de son porte-monnaie une aiguille et du fil. Je lui offre une médaille de saint Charles Borromée, et à la jeune femme une balle de Magenta échappée de mon sac et dont son mari paraissait avoir grande envie.

La campagne est toujours riche et belle. Une rivière coule à gauche.

À Zurich, je descends à l’hôtel Billatz. À dîner, je rencontre deux savants français qui demandent au garçon de salle le nom d’un professeur du canton, nom qu’ils estropient probablement, et pour le faire comprendre ils lui nomment ses ouvrages avec quelques citations grecques. Le garçon ouvre de grands yeux, ne comprend rien et ne répond mot. Alors un des savants