Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se tournant vers moi : « Voyez, me dit-il, la stupidité des gens de ce pays, on n’en peut obtenir le moindre renseignement ! » Je ne saurais trop dire l’effet que me fit cette exclamation.

Si l’on cite bien des gens
Encroûtés d’ignorance,
On trouve aussi des savants
Hébétés de science.
S’il m’eût fallu faire un choix
Dans cette circonstance,
Entre le bon sens des trois,
Celui du valet, je crois,
Eût eu la préférence :
Le silence répond bien
À qui parle et ne dit rien.

Placé sur le lac du même nom, Zurich est arrosé par deux rivières, la Limmat et la Sihl, et plusieurs canaux que traversent six à sept ponts, ce qui en fait une espèce de Venise d’eau douce. Cette ville, où l’on compte dix-sept mille âmes, a donné son nom à une bataille gagnée en 1799 par Masséna contre les Russes commandés par Korsakof. C’est pendant cette bataille que Lavater fut tué accidentellement par une balle dans une des rues de la ville.

Ma première visite est au professeur Horner, homme très-érudit et conservateur de la bibliothèque de la ville, riche de plus de trois mille manuscrits et de cinq mille volumes. Parmi les curiosités, M. Horner me montre un herbier formé par Jean-Jacques Rousseau, et plusieurs de ses lettres. Ce que j’ai vu avec beaucoup d’intérêt, ce sont les portraits des principaux habitants et des bienfaiteurs de la ville, de 1336 à 1798. Il est à regretter qu’on n’ait pas continué cette collection. Au-