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obole. Les collections particulières ont sans doute leur mérite, mais elles ne durent guère : les ventes après décès les éparpillent et les dépaysent. Ayant perdu son certificat d’origine, le morceau historique, de traditionnel qu’il était, n’est plus qu’objet de commerce ou de curiosité, parfois même un jouet abandonné aux enfants. Combien n’en ai-je pas sauvé de leur innocent vandalisme !

Je vois la galerie zoologique que mon domestique de place nomme le muséum des bêtes, et le jardin botanique. Là encore sont deux herbiers, mais plus complets que celui de J.-J. Rousseau : ce sont ceux de Gesner et de Heget-Schweiler.

De tous les points un peu élevés de Zurich et de ses deux ponts principaux, on jouit d’une vue admirable de son beau lac et des montagnes qui le dominent.

À l’arsenal, on me montre, comme à Lucerne, l’arbalète dont Guillaume Tell s’est servi pour enlever la pomme posée sur la tête de son fils. Il paraît qu’il en avait de rechange.

La Suisse est probablement le pays le mieux fourni de trophées d’armes, Zurich en est donc bien approvisionné : on y remarque, entr’autres, le casque et la cuirasse que Zwingle, à la fois curé, littérateur et guerrier, portait à la bataille de Cappel.

Les églises de Zurich, notamment la cathédrale, sont plus à citer pour les souvenirs qu’elles présentent que pour leur architecture : elles ont été le champ de bataille ou de controverse des premiers disciples de Luther. De quelque manière qu’on l’envisage, Luther ne peut être considéré comme un bienfaiteur de l’humanité. Sa sé-