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vicino et de la marquise, et du courage qu’elle a montré en accourant à son château près duquel s’est donnée la bataille de Montebello, en y recevant et soignant elle-même les blessés sans distinction de nationalité.

À son grand plaisir, je lui rappelle les jours de son enfance, notamment ceux qu’elle passait annuellement à Dieppe avec sa mère qui en aimait tant la plage, les bains et les fêtes. Elle est touchée presqu’aux larmes de la fidélité des Dieppois qui, bien des années après la révolution de 1830, avaient conservé vide la place où elle s’asseyait dans leur salle de bal. Un ruban à ses couleurs la défendait de l’envahissement des indiscrets. Il faut dire, à l’honneur de Louis-Philippe et de sa famille, que lors des fêtes qui leur furent données depuis dans cette même salle, ils voulurent aussi que cette place fût respectée.

Elle n’a pas oublié non plus les promenades dont elle faisait partie et où j’avais l’honneur d’accompagner sa mère, et les fouilles archéologiques où elle voulait assister et même prendre part.

Un tiers de siècle et bien des évènements ont passé sur ces circonstances si futiles : d’enfant, elle est devenue femme, reine et mère, et moi un vieillard, et pourtant, ni chez elle ni chez moi, aucun de ces souvenirs ne s’est effacé.

Je lui parle ensuite d’incidents moins anciens, de son petit royaume de Parme que j’avais vu avant elle et lorsqu’encore j’étais presqu’enfant, car c’était en 1806. Parmi les curiosités historiques de la bibliothèque de Parme, je lui en citai une qui avait son mérite et qu’on lui avait laissé ignorer : c’était un croquis de carte tracé