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les brûlait. On ne dit pas ce qu’il advenait lorsqu’elles ne surnageaient pas. Ce trou fournit aujourd’hui les plus belles anguilles du pays.

On m’indique la place d’une ancienne forêt, où sont encore debout plusieurs dolmens qui ont, je crois, été décrits par le savant et aimable baron de Bonstetten.

Au pied du mont est l’ancien manoir des comtes de Gleresse, famille éteinte. C’est là que Delille composa son poême de la Pitié.

Arrivés à la hauteur de l’île Saint-Pierre, un canot nous attendait. L’équipage se composait du père, de sa fille et d’un jeune garçon. Le père tenait la barre du gouvernail, et la fille ramait.

La première chose qui frappe quand on a pris pied dans l’île élevée de quarante mètres environ au-dessus du lac, est la variété et le grandiose du paysage qui vous entoure. Aussi loin que la vue peut porter, on voit des villages, des jardins, des vergers, des maisons de campagne, le tout encadré dans la chaîne des Alpes et celle du Jura. Dans l’île s’élèvent de beaux chênes et des arbres fruitiers ; il y a aussi des prairies d’une admirable fraîcheur. Tout ceci a été décrit, et si bien, par Rousseau, qu’il n’y a rien à y ajouter.

Nous allons voir la maison qu’il a habitée, laquelle n’est pas un palais, tant s’en faut. On nous montre le bureau où il travaillait, le lit où il a couché, la chaise où il s’asseyait : meubles grossiers et parfaitement à la mesure d’un philosophe.

Ce qui ne manque pas non plus dans le logis, ce sont les noms : il y en a d’écrits partout. On montre aussi une trappe par laquelle, dit-on, Rousseau s’esquivait