Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/224

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La quantité et la diversité des objets qu’on produits les maisons lacustes de Bienne prouvent sans doute qu’elles ont été habitées pendant un grand nombre de générations ; mais un ruisseau qui se jette dans le lac, près de ces pilotis, doit aussi en avoir amené beaucoup. Lors des grandes excavations qu’on faisait autour d’Abbeville, en 1834, pour creuser le canal de transit et étendre les fortifications de la place, j’ai recueilli une foule de petits objets travaillés en os, en bronze, en pierre même, que ramenait une énorme pompe servant à épuiser l’eau des tourbières. J’en avertis les ouvriers qui n’y avaient jamais regardé, et ils ont fait depuis, dans ces épuisements d’eau, de fructueuses récoltes que la pompe leur apportait.

À mesure que le soleil monte et que le brouillard se dissipe, le lac s’embellit encore. Devant nous sont un promontoire et une île sur la même ligne. Nous avons le Jura à droite en allant vers Neufchâtel, et les Alpes à gauche. Nous revoyons à distance le village de Gleresse que j’avais traversé la veille.

Plus loin, à droite, sur la colline et à mi-côte, est un vieux château presqu’en ruine. Des sapins sont au-dessus.

À sept heures, nous traversons le lac sous une brume froide nous cachant le soleil qui s’était un instant montré en nous promettant une belle journée ; mais ce voisinage des montagnes est plus sujet qu’un autre aux caprices du temps, et les lacs aussi ont leurs quintes.

Après avoir dépassé le promontoire, nous trouvons une rivière canalisée, la Thiele, qui unit le lac de Bienne avec celui de Neufchâtel.