Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/225

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Nous arrivons à une station où notre bateau manque de se briser. Un peu plus loin, nous touchons deux fois de suite. Nous sommes toujours dans la Thiele. En approchant du lac de Neufchâtel, on baisse la cheminée de notre vapeur et nous passons sous un pont. Le brouillard est revenu ; il coupe les montagnes de façon qu’à distance les rochers semblent être des édifices, et leur ensemble fait de loin l’effet de grandes villes. On voit les arbres au-dessus des nuages, et ayant l’air d’en sortir. La brume commence à se dissiper.

Des prairies et des marais s’étendent au loin de chaque côté du canal. On n’y voit pas de maisons. Une partie en paraît inondée : quelqu’un nous dit que le lac monte de huit pieds et qu’il couvre tous les terrains plats environnants. La Thiele n’a guère, sur certains points, que la largeur de notre vapeur, et si deux bateaux s’y rencontraient, il faudrait que l’un des deux reculât.

Nous passons un pont de pierre et nous allons entrer dans le lac de Neufchâtel, mais nous nous ensablons de nouveau. Nous ne sortirons donc pas de ce maudit détroit ! On fait passer tout le monde à l’arrière, et nous recommençons à flotter.

Enfin nous voilà quittes de la Thiele. Nous entrons dans le lac, mais à peine dedans, nous touchons derechef. Nous nous relevons bientôt, à la grande joie de nos dames qui commençaient à s’effrayer.

Le lac de Neufchâtel ou d’Yverdun a un mauvais renom : il passe pour perfide et sujet aux orages. Long de trente-six kilomètres, il en a huit dans sa plus grande largeur. Son extrême profondeur est de cent trente mètres, et son élévation au-dessus du niveau de la mer