Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/247

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Une autre célébrité française repose dans cette même église : Théodore-Agrippa d’Aubigné, aïeul de Mme  de Maintenon. Protestant zélé comme le duc de Rohan et, comme lui, auteur de divers ouvrages, notamment d’un livre sur l’histoire de 1550 à 1617, il fut aussi exilé et mourut à Genève en 1630.

Les stalles des chanoines, devenues les siéges des pasteurs et des membres du consistoire, attirent également les regards, mais moins que le fauteuil de Calvin qu’on y montre aussi.

Comme architecture, cet édifice n’a rien qu’on puisse comparer aux belles églises d’Italie et à nos cathédrales gothiques de France. Son emménagement puritain ne flatte pas l’œil. La Réforme n’a pas embelli les églises et, sous le rapport des arts, elle a été, jusqu’à certain point, la réforme du bon goût. Mais, d’un autre côté, il faut dire qu’elle a fait faire un grand pas à l’industrie, et que si elle déclara la guerre au commerce des indulgences, elle a donné un grand élan à la spéculation honnête et, par cela même, utile. La France, comme l’Allemagne et la Suisse, lui a dû beaucoup sous ce rapport.

On me fait voir la maison de Calvin, auquel, bien que Picard et malgré son titre de pape de Genève, je ne pardonne pas le meurtre de Servet. Ce n’était guère la peine de faire une réforme pour imiter l’inquisition, rallumer les bûchers et frapper Genève du stigmate d’un auto-da-fé.

Cette maison de Calvin a subi aussi sa réforme : elle a été si souvent réparée qu’il n’en reste que l’escalier. En le montant, je me demandais quelle devait être la pensée de cet homme après l’assassinat juridique qu’il