Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/271

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Du platras de l’apothéose :
De marbre ici point n’est besoin.
Qu’à l’aise y fleurisse le foin !
Surtout pas de vers ni de prose,
Ni Requiem à grand fracas.
Je ne voudrais, à mon trépas,
Que les oiseaux pour virtuoses :
Tout seuls ils feront bien les choses.
Aux lauriers je ne prétends pas,
Mais laissez-y croître les roses.

Dijon était pour moi une ville nouvelle, et je ne veux pas la quitter sans l’avoir au moins entrevue.

Près de l’hôtel où je loge sont une porte en arc-de-triomphe et une place bien plantée. La rue où est l’hôtel est large et régulière : c’est une belle rue.

La cathédrale, dédiée à sainte Bénigne, est d’un bon style. La flèche est surtout renommée pour sa légèreté. Sa cime ou pointe est à cent mètres du sol.

Derrière, on a découvert, en 1858, l’ancienne église. Il paraît qu’il y a quelque danger à la visiter, car le gardien, d’après sa consigne, ne veut point m’y laisser entrer, pas même regarder : il donne pour raison que si j’y regardais, cela donnerait envie aux autres d’y regarder aussi. — Sur ce, je lui demandai quel inconvénient il trouvait à cela. — Il me répondit qu’il était inutile de regarder ce qu’on ne devait pas voir. — Notre gardien était un homme logique. D’ordinaire la nature humaine l’est beaucoup moins, car il n’est personne qui n’ait envie de voir ce qui lui est défendu de regarder, et vous en aurez la preuve par cette simple expérience : pratiquez une petite ouverture dans un mur quelconque, en un lieu qui ne soit pas trop en vue, et écrivez dessus en grosses lettres : il est défendu de regarder par