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Durant tout mon voyage, c’est à Dijon, à l’hôtel de la Cloche, que j’ai été le mieux logé, le mieux couché et le mieux nourri, et au prix le plus modéré.

Les fruits sont bons à Dijon ; les pêches dites des vignes sont petites, mais très-parfumées. Cette ville est renommée pour sa moutarde et son pain-d’épice, mais, comme on vient de le voir, elle a d’autres mérites.

À midi, je veux prendre le train de Paris : tout est plein, et ce n’est qu’à grand’peine que j’y trouve une place. J’y étais bien installé, quand une jeune et jolie femme vient la réclamer. Je la lui rends, et je ne savais plus où me mettre, lorsqu’un voyageur descendit du wagon, et je me trouvai à côté de la dame. En face de moi étaient un aspirant de marine et quelques individus insignifiants ou somnolents.

Les environs de Dijon, de ce côté, offrent peu de maisons de plaisance et d’usines, mais les champs sont bien cultivés, et les vignobles, où l’on aperçoit des pêchers, sont nombreux.

Je remarquais que ma gentille voisine, chaque fois qu’un employé venait à la portière, s’efforçait de cacher quelque chose, mais je ne pouvais deviner quoi. Bientôt je vis que ce quelque chose remuait : était-ce un enfant ? Alors il devait être bien petit. Cependant cela m’intriguait. Elle s’en aperçut, releva son châle, et aussitôt deux yeux noirs, brillant comme des escarboucles, se fixent sur les miens pour savoir si je suis ami ou ennemi : or, ils ne s’y trompèrent pas, et je vis à l’extrémité opposée quelque chose s’agiter : c’était une queue blanche et soyeuse, attachée à la croupe du plus joli animal qu’on pût voir. Alors la jeune femme