Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/275

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me dit que c’était une chienne de la Havane qui ne la quittait jamais, mais qu’elle n’osait laisser voir aux employés qui, pour obéir au règlement, enverraient la bête au compartiment des quadrupèdes où elle avait aperçu des gueules capables d’avaler d’un seul coup la pauvre petite havanaise que j’aidai à cacher durant le reste de la route. Elle s’y prêtait de son mieux : reconnaissant bien les uniformes des employés, dès qu’il en venait un à la portière, elle disparaissait dans les plis de la crinoline et ne bougeait plus. Une fois elle lui montra les dents, mais quand il eut le dos tourné.

Grâce à la gentillesse de ma voisine, la traversée de Dijon à Paris me sembla courte. Cette jeune femme, à la physionomie méridionale, parlait purement le français, mais avec un accent étranger qui n’était pas sans attrait. À quelques mots qui lui échappèrent, je pensai qu’elle était attachée à la maison de la reine d’Espagne. Sans être une beauté, sa figure plaisait ; elle avait de l’instruction et ne manquait pas d’esprit. Elle finit par me demander mon nom. Je lui présentai ma carte, espérant qu’en retour elle m’offrirait la sienne, mais elle n’en fit rien, et j’en fus pour mes frais de curiosité.

Arrivé à Paris, j’eus quelque peine à me loger convenablement. Paris laisse encore à désirer sous ce rapport, même dans les meilleurs hôtels, et en payant fort cher on est toujours à l’étroit : j’aime les maisons où l’on respire.

Je commence à croire que les bains d’Aix, quoique je les aie pris en conscience, m’ont été d’un médiocre secours. Je marche assez bien, mais j’éprouve une douleur à la nuque qui me fatigue et m’attriste.