Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/29

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dans la moitié des rues : on n’a pas même la ressource des visites et encore moins celle des affaires.

Dans ce moment, un domestique me dit qu’il m’a trouvé un remise. Bonne nouvelle ! je puis me rendre au chemin de fer. Mon paquet est bientôt fait. Je prends congé du major qui vient de rentrer. À une heure, je suis à la gare, et un quart-d’heure après, sur la route d’Aix en Savoie.

Je trouve dans le wagon un officier de cuirassiers de la garde, qui a servi en Crimée et en Italie : c’est un homme de bonne mine et d’une conversation aimable, qui me fait paraître le chemin court.

J’arrive à Mâcon à deux heures du matin. Là, on m’apprend que je dois attendre jusqu’à six heures le train de Paris. Cela me souriait peu ; à cette heure, tous les hôtels sont fermés : or, je n’avais rien pris depuis dix heures, je mourais de soif et de faim. Personne au buffet de la gare, pas même à la buvette. Que faire ? — Dormir. — Je m’endors sur un des canapés du salon d’attente où mon sac de nuit me sert d’oreiller, et, nonobstant le bruit des sifflets des trains qui partent et arrivent, je dors jusqu’à six heures. On me réveille, et me voilà parti.

J’ai pour compagnons de voyage un couple anglais gigantesque, mari et femme, avec un enfant boiteux qui annonce devoir arriver à cette taille phénoménale. En sortant d’Ambarieux, nous entrons dans une gorge des plus pittoresques, et dont les rochers accidentés imitent parfaitement des ruines. Je remarque des vignes sur une côte abrupte ; des buissons, sans doute plantés à dessein, arrêtent les terrains mouvants. De loin à loin, des assises