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Le 18, après le bain, j’entre dans le café qui est en face de l’hôtel ; il est vaste, propre et bien tenu. La tasse de café, qui coûte à Paris cinquante ou soixante centimes, ne se paie ici que vingt-cinq.

Je parcours la ville qui ressemble beaucoup à un village. Les femmes indigènes m’ont semblé peu jolies.

À dîner, je veux goûter le vin du pays qu’on nomme vin de Touvière. Il est assez cher, deux francs cinquante centimes la bouteille, mais il m’a paru bon. Je fais, à table, connaissance avec M. Alexandre, inspecteur général de l’Université, qui est, je crois, d’Amiens ou des environs. C’est un homme de bonne société, savant, et sans le pédantisme scolastique.

Je vais au Casino où il y a bal. L’habit est de rigueur. La salle est grande et belle, bien éclairée ; l’orchestre excellent. Mais la foule y manque : il y a une cinquantaine de femmes, et le double d’hommes, lesquels, se souciant assez peu de danser, causent entr’eux : c’est d’une tristesse mortelle. Trois jeunes officiers français s’efforcent seuls d’égayer ce bal à la glace, mais ils n’y réussissent pas.

L’idée de rester vingt jours ici commence à m’effrayer, mais j’ai recours à mon remède ordinaire : je reprends la plume et me mets à travailler.

Les jours suivants se passent à peu près comme les premiers. Le 20, je vais prendre mon bain dans la piscine. Il y a quatre pieds d’eau, et l’on peut y nager. Malheureusement je m’y trouve en compagnie de quatre écoliers de quatorze à quinze ans, dont un, à figure de singe, est bien le plus insupportable gamin qu’on puisse rencontrer. Criard, vantard et nageant à peine, il ne