Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/37

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s’en croit pas moins un habile, et à chaque mouvement qu’il fait, il réclame à grands cris l’attention, comme s’il s’agissait d’un prodige. Passe s’il ne faisait que cela, mais il ne cesse de se bousculer avec ses camarades aussi turbulents que lui, et le bassin étant assez étroit, on ne sait où se réfugier pour n’avoir point sa part des coups de pieds et coups de poings qu’ils échangent.

Le dimanche suivant je vais voir, avec M. Alexandre, le lac du Bourget. Nous prenons place sur un des bateaux qui en font le tour, et nous y trouvons nombreuse société. Comme je l’ai dit, les bords de ce lac sont à peu près inhabités. Nous y visitons l’église desservie par des moines en costume noir et blanc ; c’est dans ce lieu qu’on enterrait les rois de Savoie. On a, de là, une de ces vues comme savaient les choisir les moines. Les montagnes qui entourent le lac ressemblent un peu à celles du petit Atlas. Le soleil augmente l’illusion : on se croirait en Afrique.

Sur une pointe de rocher, nous apercevons trois jeunes filles. Sont-ce des naufragées qui demandent notre assistance ? Non, un mouvement de leurs mouchoirs nous annonce qu’elles saluent notre embarcation, salut que nous nous empressons de leur rendre.

Faute de mieux, on parle des poissons du lac, dont plusieurs sont renommés en cuisine : le lavaret, l’ombre chevalier, etc.

Le soir, bal au Casino. Cette fois, il est nombreux. La présence de M. de Cavour, qu’on savait devoir y paraître, avait attiré le ban et l’arrière-ban des baigneurs. C’est un homme de moyenne taille, à figure placide, portant lunettes, et ayant plutôt l’air d’un bon avocat