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J’ai toujours aimé l’espace,
Et quoiqu’un bain me soit bon,
Me baigner en un chaudron
Souvent me gêne et m’agace,
Car pour si petite place
Je suis un trop gros poisson.

Si de l’espèce animale
L’homme est descendu, dit-on,
Je dois être un rejeton,
Par ligne collatérale,
De la truite et du saumon.

Ce qui me donne la preuve
Que l’onde est mon élément,
C’est que je ne suis vivant
Que dans le courant du fleuve
Ou l’écume du torrent ;

Ou bien lorsque je barbotte
Sur la vague qui clapotte,
Ayant pour lit l’océan,
Comme un marsouin en ribotte
Dansant devant l’ouragan.

La Savoie est vraiment un pays de cocagne, si l’on en juge à la table de notre hôtel. On nous sert, par jour, deux repas complets, déjeûner et dîner, où abondent les poissons les plus beaux et le gibier le plus délicat.

Ce sont presque toujours les mêmes personnes qui composent la table ; toutes ne sont pas logées à l’hôtel. De temps à autre y paraissent quelques officiers de passage ; nous avons eu aujourd’hui deux capitaines de zouaves. J’y vois aussi quelquefois le colonel hongrois Turr, second de Garibaldi. Il est grièvement blessé au bras ; il est à Aix pour y prendre les eaux.

Le beau temps continue, ma santé est bonne, je marche plus facilement. Je continue mes douches et