CHAPITRE VI.
Il est une heure et demie du matin ; nous entrons à Turin ; je descends à l’hôtel Feder.
Mon séjour à Turin devant être très-court, je ne veux pas l’employer à dormir, bien que j’aie veillé toute la nuit. N’allez pas croire pourtant que je regarde le sommeil comme un temps perdu pour l’étude ni même pour l’inspiration : c’est toujours en dormant que j’ai eu mes plus belles idées. Poète, j’y composais des vers dignes d’Horace ; musicien, des accords qu’auraient enviés Mozart et Rossini ; géologue, mon œil pénétrait jusqu’au centre de la terre ; métaphysicien, je lisais dans l’infini. Malheureusement au réveil, lorsqu’encore sous le charme, fier et heureux de tant de chefs-d’œuvre et de si merveilleuses découvertes, je courais à mon pupitre et saisissais la feuille destinée à recevoir ces trésors de la science et ces éclairs du génie, il m’était