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Et de là vient le proverbe
À l’usage du muguet
Qui, mangeant son bled en herbe,
Répond à l’ami discret
Qui lui dit : garde une gerbe :
Merci de ton conseil, mais
C’est comme si tu chantais.

Je me rends chez le consul ou l’envoyé de France, formalité qu’on m’a dit indispensable. L’affabilité n’est pas la vertu de nos représentants français, du moins à l’égard de leurs compatriotes : celui-ci ou l’agent qui le remplaçait ne m’offrit pas même de m’asseoir. Je n’ai jamais été reçu avec ce sans-façon chez les consuls, voire même les ambassadeurs des autres puissances, notamment ceux d’Angleterre, qui sont toujours prêts à accueillir et, au besoin, à défendre l’étranger qui s’adresse à eux. Il serait bon, chez nous, au ministère des affaires étrangères, d’établir une école de civilité : la science du savoir-vivre devrait faire partie de l’éducation de tout diplomate.

En sortant du consulat, je vais au palais de Brera, où est la bibliothèque de l’Instituto lombardo dei scienzie e arti, fondée par Napoléon Ier. Le président est le célèbre Manzoni ; il est absent. Je lui laisse un mot exprimant mon regret de ne pouvoir lui serrer la main.

Dans le même local est la bibliothèque dite de Brera, dont je voulais voir le conservateur, M. Rossi. Le concierge m’indique le chemin de son cabinet. J’ouvre une porte qui, selon moi, devait y conduire, mais elle donne sur une vaste galerie que je pris aussitôt pour la succursale d’une caserne, sauf pourtant l’absence du bruit, car il y régnait un parfait silence. À des tables alignées dans