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l’anniversaire de la naissance du curé et nous fûmes témoins d’un témoignage touchant d’affection de la part des enfants d’école de la localité qui vinrent saluer en M. Vallée un pasteur zélé et un bon père.

Ces enfants avaient une excellente tenue et font honneur à l’institutrice qui les dirige.

En parlant d’enfants nous en profiterons pour remarquer que, dans le Saguenay comme ailleurs, nous avons pu constater la fécondité de la race canadienne française. Lorsque nos voitures passaient devant une maison, de nombreuses petites têtes blondes, aux joues joufflues, se montraient à la fenêtre ou sur le perron. Nous en comptions régulièrement de six à dix par maison, et leur âge indiquait qu’ils ne seraient point les derniers de la famille.

On croit que le prochain recensement constatera une population de 50,000 âmes dans le territoire du Saguenay et la Vallée du lac St. Jean. Elle était de 16,579 en 1861 et de 22,980 en 1871. Ce n’est qu’un commencement, car ce vaste domaine peut nourrir plusieurs cent mille habitants, et la progression naturelle de la population fournira dans l’avenir un fort contingent, indépendamment des nouvelles familles qui viendront s’ajouter aux anciennes.

J’ai remarqué aussi que les colons paraissent généralement jeunes, robustes ; et c’est précisément la classe d’hommes qu’il faut pour se livrer aux rudes travaux du défrichement. Seulement je crains qu’un nombre assez grand de ces cultivateurs n’aient point toute la diligence nécessaire pour faire disparaître la forêt et ensemencer les champs à bonne heure. Les moissons étaient peu avancées et indiquaient qu’on était en retard. Ce retard, m’a-t-on dit, est attribué