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UNE DE PERDUE

— Et que veux-tu qu’on fasse ?

— Ah ! pardieu, c’est bien vrai. Savez-vous que je viens d’avoir un rêve affreux. Croyez-vous aux rêves ?

— Ah ! bah ! contes de grand’mère, répondirent ses frères.

— Eh bien, moi j’y crois ; que voulez-vous, c’est un faible. Si vous voulez, je vais vous le raconter.

— Tiens, je t’en prie, répliqua François, ne viens pas nous ennuyer avec tes rêves ; rêves tant que tu voudras, mais ne nous en casse pas la tête.

— Pourquoi ne l’écouterions-nous pas, dit Léon, un rêve n’est qu’un rêve, c’est vrai ; mais encore, ça nous amusera. Conte, Jacob, mon vieux, conte.

— Je rêvais donc que nous avions fait faire le saut de la carpe à ce quelqu’un qui va venir, et que nous étions dans l’acte de jeter sa carcasse au fleuve durant la nuit, quand tout à coup six hommes de police, conduits par un gros nègre et une petite fille, nous surprennent et nous font prisonniers.

— Diable !

— Je reconnus la petite fille ; savez-vous qui elle était ?

— Non.

— C’était Clémence.

— Clémence !

— Allons, en voilà un beau rêve, dit François ; je gage aussi que tu as rêvé que tu étais pendu.

— Non, pas moi ; j’ai rêvé que je m’étais échappé, mais que vous deux aviez été pendus.

— À la bonne heure, au moins tu as eu l’esprit de te sauver dans ton rêve ; c’est toujours ça. Allons dors encore et cette fois rêve aux moyens de nous